De la bande dessinée à la pièce. Un rapide survol du processus.
- 05 oct. 2018
- Découvrez
- 3 minutes de lecture
PAF! L’idée.
C’était en 2012, un an avant le 75e anniversaire du premier numéro d’Action Comics et des débuts de Superman. Jamie Desrochers, un fervent collectionneur de bandes dessinées, a accepté sans se faire prier le mandat enviable de créer des pièces commémoratives mettant en vedette Superman.
« Le travail du chef de produits consiste à trouver des thèmes qui célèbrent l’expérience canadienne et à les transposer sur des pièces commémoratives. Superman a des racines canadiennes, c’est bien connu. Et ça fait de son 75e anniversaire un thème digne d’une pièce de collection de la Monnaie. Je suis si fier du lien de Superman avec le Canada. Rendre hommage à mon superhéros préféré est un rêve devenu réalité », d’expliquer Jamie.
TIC-TAC! Le temps, notre kryptonite.
« Nous sommes toujours pressés par le temps. Nous avons habituellement à peine plus d’un an pour produire une pièce de collection, de l’idée qu’on couche sur papier au produit poli qui se retrouve dans la main des collectionneurs. C’est peu, si l’on tient compte de tout ce qu’on doit décider et produire, puis combiner selon un échéancier précis.
« Des dizaines de personnes participent au processus. Nous devons déterminer l’aspect général de la pièce, travailler avec un ou des artistes pour créer le motif, faire vérifier le tout par des experts, graver le motif pour la production du coin, concevoir l’emballage. S’il y a des caractéristiques spéciales, il faut aussi laisser du temps aux équipes de R‑D et d’ingénierie, et puis il y a l’approbation du ministère des Finances (les pièces de collection ont cours légal, mais qui voudrait s’en séparer?).
« Les produits sous licence, comme les pièces de Superman, nécessitent la contribution d’encore plus de gens. Malgré tout ce va-et-vient, nous maîtrisons parfaitement le processus et nous sommes capables de respecter l’échéancier habituel d’un an. C’est plutôt impressionnant. »
WOW! On ne tourne pas les coins ronds.
Les pièces de collection présentent des motifs originaux commandés spécialement, sauf si elles ont pour thème une œuvre d’art existante.
« Dans ce cas, explique Jamie, nous devons reproduire le motif original avec une précision chirurgicale ‒ un énorme défi vu la petite taille d’une pièce et le travail de conception qu’on doit faire pour que l’image garde tout son attrait visuel sur un canevas rond. »
La réaction des collectionneurs aux pièces du 75e anniversaire de Superman était si positive que la Monnaie a décidé de produire d’autres séries en hommage au superhéros.
« La série Célèbres couvertures de Superman est le parfait exemple des défis auxquels nous sommes confrontés quand nous travaillons avec des images existantes. Nous savions que chaque couverture devait être instantanément reconnaissable, que chaque aspect des célèbres images devait être parfaitement reproduit. Les collectionneurs n’allaient accepter rien de moins.
« Mais nous voulions aussi ajouter une touche spéciale pour faire de chaque pièce un objet exceptionnel, sans compromettre l’intégrité des images originales. »
La solution : une série d’anneaux concentriques encadrant chaque motif. Ces anneaux servent d’élément unificateur pour toutes les pièces et créent un effet de profondeur qui donne l’impression que Superman émerge du motif.
DIEU! La Monnaie fait équipe avec de célèbres bédéistes canadiens!
« Nous avons eu droit à une exception très rare et absolument magique, se rappelle avec plaisir Jamie Desrochers. Pour la série sur la Ligue des Justiciers, les gens de DC Comics ont été géniaux : ils ont fait appel à des bédéistes canadiens pour qu’ils créent des motifs originaux spécialement pour ces pièces. Travailler avec Jason Fabok et Brad Anderson, imaginez! Quelle chance pour un amateur de bédé comme moi : j’étais ravi et honoré! »
GLING! Des pièces qui en mettent plein la vue.
« On n’ajoute jamais des effets spéciaux à une pièce sans raison. Comme quand un peintre choisit soigneusement d’ajouter une autre couleur ou d’utiliser un différent coup de pinceau, chaque caractéristique spéciale doit avoir sa raison d’être et rehausser le motif.
« Mais contrairement au peintre qui crée seul dans son studio, nous ne travaillons pas en vase clos. Parfois, l’idée d’un nouvel effet nous vient à l’esprit seulement quand nous voyons le motif prendre forme. Le moindre détail peut avoir une incidence sur le travail de tout le monde. Et même si l’idée voit le jour à mi-chemin dans le processus, nous devons quand même respecter l’échéancier d’un an.
« Pour chaque pièce de la série Superman, nous devions décider quoi graver, quelle partie du motif colorer, quels finis utiliser. Le givrage est la touche finale non négligeable qui vient réellement rehausser le motif et le faire ressortir. Cela dit, nous devons tout de même rester fidèles à l’image originale. »
WHAM! La PREMIÈRE pièce ayant la forme du symbole de Superman.
Les effets spéciaux ne servent à rien si le motif n’est pas à la hauteur.
« Un bon motif n’a pas besoin d’effets, fait valoir Jamie Desrochers en tenant la pièce de dix onces reproduisant le symbole de Superman. Frapper une pièce de cette forme était un remarquable exploit technique en soi. Elle aurait tout de même eu fière allure juste avec le symbole de Superman, mais nous trouvions que l’ajout d’émail rouge transparent la rehaussait et la rendait encore plus impressionnante.
« Puis, nous avons eu encore une autre idée : faire de l’émail un canevas et y graver des scènes tirées du riche passé de Superman. Un chef-d’œuvre s’il en est un! » Jamie Desrochers en sait quelque chose : cet hommage suprême à l’Homme d’acier est l’une des pièces maîtresses de sa collection personnelle.
TIENS! L’emballage, fidèle acolyte.
Les bandes dessinées racontent une histoire. Idem pour les emballages de pièces.
« L’emballage fait partie de l’histoire. Et comme pour les effets spéciaux, il doit avoir sa raison d’être. »
Les emballages spécialement conçus sont un monde en soi : « On travaille essentiellement sur deux projets complexes (la pièce et l’emballage) qui doivent ne faire qu’un. »
Si la pièce a un thème rétro, le chef de produits peut travailler avec des concepteurs d’emballages pour créer un coffret de présentation qui ressemble à une vieille bédé abîmée, par exemple. Ou si elle propose une représentation sérieuse de personnages cinématographiques, l’emballage peut être sombre comme l’ambiance du film.
« Quand l’histoire est transposée de la pièce vers l’emballage, l’expérience est d’autant plus riche pour quiconque admire le produit. Les collectionneurs adorent cela. Ils sont encore plus fiers de montrer leurs précieux trésors. »
TM/MC et © DC Comics. (s18).