Pour ceux tombés au combat et pour la paix
- 17 oct. 2018
- Histoire
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SYMBOLES DU SOUVENIR
La Première Guerre mondiale et la paix qui s’est ensuivie ont transformé profondément le pays qu’est le Canada. En 2018, la Monnaie royale canadienne commémore le moment où le conflit a pris fin il y a 100 ans – l’Armistice – par des pièces de collection et une nouvelle pièce de circulation de 2 $ que les Canadiens pourront trouver dans leur monnaie.
SYMBOLES DU SOUVENIR
La Première Guerre mondiale et la paix qui s’est ensuivie ont transformé profondément le pays qu’est le Canada. En 2018, la Monnaie royale canadienne commémore le moment où le conflit a pris fin il y a 100 ans – l’Armistice – par des pièces de collection et une nouvelle pièce de circulation de 2 $ que les Canadiens pourront trouver dans leur monnaie.
Ce devait être la dernière des dernières. De 1914 à 1918, la Première Guerre mondiale a fait près de dix millions de morts sur les champs de bataille européens, sans compter toutes les pertes civiles dues à la famine et aux attaques directes, ni les millions de soldats ayant succombé à leurs blessures une fois rapatriés. Un épais manteau de deuil couvrait l’Europe, l’Amérique du Nord et une bonne partie du monde.
La guerre fut une épreuve qui forgea le caractère d’un Canada encore jeune. Chaque année, le 11 novembre, nous prenons un moment pour penser à ses conséquences – et aux sacrifices de nos aïeux.
« Le jour du Souvenir était connu sous le nom de jour de l’Armistice jusqu’en 1931, explique Tim Cook, CM, historien au Musée canadien de la guerre, à Ottawa. Il est intrinsèquement lié à la Première Guerre mondiale, dont l’écho retentit encore aujourd’hui. Nous avons perpétué les deux minutes de silence, et le coquelicot continue de symboliser la mémoire des victimes, comme dans le poème In Flanders Fields (Au champ d’honneur) de John McCrae, écrit en 1915. »
Au fil du 20e siècle, le jour du Souvenir est devenu une occasion de réfléchir plus largement aux sacrifices des conflits qui ont suivi, et la commémoration s’est faite de plus en plus inclusive, avec des cérémonies bilingues, voire parfois en langues autochtones.
LE CANADA, UN ATOUT INDISPENSABLE
Tout au long de la Première Guerre mondiale, le Canada fut un atout indispensable pour l’Empire britannique en guerre et ses alliés, soit la Belgique, la France et la Russie. Les soldats canadiens – qui comptaient dans leurs rangs des troupes de Terre-Neuve-et-Labrador, future province de la Confédération – se sont fait remarquer pour leur courage et leur expertise. Le pays a acquis une notoriété grâce aux troupes de choc qui ont pris la crête de Vimy, attaqué la cote 70, combattu à Passchendaele et mené la campagne finale des cent jours. (Les troupes de choc sont celles qui dirigent les attaques, essuyant souvent de nombreuses pertes dans la foulée.)
« Le prix à payer pour le Canada était tout simplement exorbitant, enchaîne l’historien. La population nationale n’atteignait pas huit millions. Avec Terre-Neuve, qui ne faisait pas encore partie du Canada, nos citoyens-soldats étaient au nombre de 620 000. Ils étaient agriculteurs, étudiants, membres de la classe ouvrière… des gens ordinaires au service du Roi et du pays. Parmi eux, plus de 66 000 ont leur nom dans les Livres du Souvenir qui sont gardés dans la Chapelle du Souvenir de la tour de la Paix, à Ottawa. Encore 173 000 ont été blessés à la guerre. Et un nombre incalculable ont souffert mentalement et spirituellement. »
Des Canadiens ont soutenu les troupes de la maison, d’autres se sont battus outre-mer, arrachant à la crête de Vimy une victoire décisive pour les Alliés, quoique coûteuse, pendant l’offensive du printemps en 1917. Le Corps canadien, fort de quatre divisions qui travaillaient ensemble pour la première fois, a réussi à prendre cette position stratégique quasi imprenable, et ce, même si la bataille de la cote 70 était la première bataille importante qu’il livrait sous le commandement d’un Canadien, le lieutenant-général Arthur Currie. À Passchendaele, après un marasme de plusieurs mois, les Canadiens ont réussi à prendre ce qui restait de la crête et du village – au prix élevé de plus de 15 000 vies canadiennes. Enfin, durant la campagne des cent jours, du 8 août au 11 novembre 1918, le Corps a enchaîné coup sur coup les victoires.
Le Canada a par ailleurs joué un rôle essentiel de pourvoyeur de provisions et de munitions. Un quart des obus lancés sur le front de l’Ouest avaient été fabriqués au Canada.
CÉLÉBRER LA PAIX ET PLEURER LES MORTS
En 1918, toute l’Europe, le Canada et même les États-Unis – qui étaient entrés en guerre au printemps 1917 – étaient à bout de souffle.
« Le Canada croulait sous les dettes au sortir du conflit. L’Allemagne, soumise à un blocus maritime, mourait lentement de faim. La guerre avait exacerbé les dissensions au sein de la Russie, où la montée du communisme a eu raison de la monarchie, résume Tim Cook. Des révolutions éclataient dans plusieurs pays. D’autres conflits en Irlande, en Afrique et au Moyen-Orient étaient tous nés de la Première Guerre mondiale. »
Quand l’Armistice s’est enfin matérialisé au terme de longues batailles épuisantes, toutes les parties étaient prêtes. L’heure de la paix avait sonné. Les Canadiens célébraient la promesse de jours meilleurs. Le cœur était à la fête et à la danse. Plus tard, des monuments furent érigés à la mémoire des morts dans les villes et les villages. D’autres encore poussèrent sur les champs de bataille du monde, notamment le plus évocateur de tous, le Mémorial national du Canada à Vimy. Les noms des soldats morts en service furent compilés et conservés dans les bibliothèques et les musées; les blessés remplirent les hôpitaux et les centres de réadaptation.
UN ESPRIT DE GRATITUDE
À bien des égards, le vœu de paix dont est tissée la fibre canadienne a pris naissance dans la guerre et son sillage – et dans le triste constat que la justice et la liberté se payent parfois chèrement.
Consciente de l’influence profonde de l’Armistice sur le Canada et ses habitants, la Monnaie a choisi de souligner le centenaire de cet événement décisif par plusieurs pièces spéciales en 2018. Parmi elles, il y a deux versions – l’une colorée, l’autre non – de la pièce de circulation de 2 $ portant l’emblématique coquelicot, que les Canadiens trouveront dans leur monnaie ainsi que dans l’ensemble commémoratif de six pièces aux côtés de celles de 5 ¢, 10 ¢, 25 ¢ et 1 $.
D’autre part, la Monnaie lance une pièce de collection en argent fin de 10 $ où est gravée l’image émouvante d’un soldat canadien solitaire, une œuvre de Laurie McGaw. Celle-ci accompagne à merveille la pièce de 100 $ en argent fin de la Monnaie – L’Ange de la Victoire, dont le motif conçu par Pandora Young donne matière à réflexion : il s’agit d’un soldat canadien tombé au combat, porté par un ange. La vue en plongée offre une perspective rare sur le bronze de l’Ange de la Victoire créé par Cœur de Lion MacCarthy et érigé en trois exemplaires à Montréal, Winnipeg et Vancouver peu de temps après la guerre.
La Monnaie a également émis un dollar épreuve numismatique édition spéciale, conçu par Jamie Desrochers, où un nombre 11 imposant trône au sommet d’un grand escalier, leur disposition rappelant le Mémorial national du Canada à Vimy, en France. Le nombre 11 figure trois fois sur la pièce, en commémoration de la 11e heure du 11e jour du 11e mois, soit le moment exact où l’Armistice a pris effet.
UN HÉRITAGE DURABLE
Tim Cook croit que l’influence de la Première Guerre mondiale se fait toujours sentir, même imperceptiblement, dans le quotidien des Canadiens. La contribution du pays en a fait un État souverain aux yeux de la communauté internationale, et un signataire indépendant de la Grande-Bretagne dans le traité de Versailles de 1919 – le pacte qui a officialisé la fin des affrontements.
« Les Canadiennes avaient acquis le droit de vote, l’impôt sur le revenu était passé de mesure de guerre à mesure permanente, notre capacité manufacturière avait augmenté, et le système de santé du Canada s’est construit sur le modèle des services médicaux offerts aux blessés de guerre et aux vétérans. »
Même si, tout compte fait, la Première Guerre mondiale n’a pas été « la dernière des dernières », son héritage a fait connaître à des générations de Canadiens la valeur du service, du sacrifice et de la paix.