Un rodéo historique rehaussée d'or en l'honneur des héros de guerre.
- 04 juil. 2019
- Contenu canadien
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La pièce, qui montre un cow-boy conduisant un cheval au galop en agitant son lasso dans les airs, souligne le centenaire d’un rodéo organisé après la Première Guerre mondiale pour célébrer la paix.
« Mon arrière-grand-père est mort dans les tranchées en France. Mon grand-père avait un an quand son père est parti. Si la guerre avait commencé un an plus tôt, je n’existerais pas. La découverte de cet événement de l’après-guerre et l’histoire derrière cette pièce revêtent donc une grande importance pour moi. »
En 1914, l’Alberta comptait 500 000 habitants, dont 50 000 hommes âgés de 18 à 45 ans qui sont allés à la guerre. Dans un monde aujourd’hui conquis par l’urbanisation, il est difficile d’imaginer que le un dixième de toute une population ait pu s’en aller au front, surtout en sachant que plus de 6 000 des nôtres n’en sont jamais revenus. Les hommes qui ont survécu à la Grande Guerre ont souvent souffert de blessures handicapantes et d’obusite.
Le Stampede de la Victoire de 1919 a attiré plus de 57 000 spectateurs. L’événement avait été organisé en l’honneur des soldats revenus du front, érigés par les médias en cow-boys héroïques qui avaient troqué le lasso pour un fusil afin d’aller gagner la guerre au nom des Alliés.
La pièce de 20 $ en argent fin 2019 de la Monnaie royale canadienne recrée par moult détails gravés l’histoire du Stampede. « Le mythique lasso doré du cow-boy encadre magnifiquement le motif argenté, poursuit l’artiste, et la gravure est si fine qu’au toucher, on dirait presque du vrai cuir tressé. De nos jours, les lassos sont en nylon, donc beaucoup plus raides. »
Aujourd’hui cavalière accomplie, elle a passé des heures à fouiller les archives du musée Glenbow de Calgary, déterminée à ce que chaque élément de son motif soit historiquement fidèle. « Je me suis basée sur des images du gagnant de la compétition de prise de veau de 1919. La selle et la bride sont identiques à celles de l’époque. Même le chapeau du cow-boy à bords flottants est une reproduction fidèle. »
Mais comment l’artiste a-t-elle su rendre justice à tout l’apparat de l’Ouest canadien sur une si petite pièce? « Je pense que mon art a atteint des sommets dans le temps où je faisais de minuscules gribouillis dans mes cahiers de math, avoue-t-elle en riant. C’est le graveur, en fait, qui a raffiné mon motif à l’échelle millimétrique. De mon côté, j’ai créé un motif de huit pouces de diamètre, comme le demandait la Monnaie. Mes motifs et mes dessins sont souvent plus petits que ça, alors c’était une bonne taille pour travailler. »
Elle ajoute que l’impression de puissance qui se dégage a moins à voir avec la taille du motif qu’avec l’attention portée à la biomécanique et au mouvement. « Est-ce que les pattes ont des proportions réalistes? Est-ce qu’elles plient dans le bon sens? Est-ce que les oreilles du cheval sont rabattues? C’est dans ces éléments que se manifestent l’émotion, la puissance et le mouvement du cheval. »
Fière Albertaine, Michelle Grant est une artiste primée reconnue internationalement. Ses liens avec le Stampede de Calgary et la Monnaie ne datent pas d’hier. Elle a créé un motif représentant le Stampede dans le cadre d’une série sur les festivals canadiens en 2002, puis, en 2012, celui d’une pièce de collection lancée pour le centenaire de l’événement. C’est même elle qui a conçu l’affiche du Stampede en 2016.
« J’avais quatre ans la première fois que j’ai monté sur un cheval. C’était pendant un rodéo local. Un cow-boy trottait dans la rue sur son immense alezan. Il m’a soulevée pour me mettre en selle. Je n’oublierai jamais comment j’avais les yeux rivés sur la belle crinière du cheval, complètement hypnotisée. »