Une pièce pour le monde moderne : la petite histoire de la pièce de deux dollars canadienne

Cinq artistes du pays ont été invités à présenter leurs œuvres pour la pièce, et c’est celle de l’artiste animalier Brent Townsend qui a été retenue. Son œuvre présentait un ours polaire adulte, chassant sur la glace qui flotte le long de la côte au début de l’été dans l’Arctique. L’animal est alerte, ayant vu ou entendu quelque chose d’inhabituel.

Pour s’assurer de la justesse du dessin, la Monnaie a consulté un expert sur la faune nordique du Service canadien de la faune. Dans une récente entrevue, Brent Townsend revient sur les minuscules changements apportés à son motif original :

« Je connaissais les critères, et le motif est essentiellement pareil à mon dessin original. » Sachant que son œuvre allait être gravée sur une surface qui ferait environ la taille d’une pièce de dix cents, sans aucune couleur, il a veillé à ce que ressortent autant de caractéristiques de l’ours que possible. De cette manière, en voyant la pièce, les gens sauraient tout de suite qu’il s’agissait d’un ours polaire et non d’un grizzli ou d’un ours noir.

Un ours polaire, c’est une image tout aussi frappante que la surface sur laquelle il est frappé : une pièce bimétallique avec un anneau extérieur en nickel et un disque central en bronze d’aluminium.

Toutefois, ce n’est pas la première pièce bimétallique que le monde ait connue. Il en existait auparavant dans d’autres pays, comme la France, l’Italie, le Royaume-Uni et la Finlande. Ce qui distingue la nôtre, c’est sa finesse et sa légèreté par rapport à toutes celles qui circulaient déjà sur le marché mondial. Pour joindre les deux parties de la pièce et empêcher qu’elles ne se séparent dans le cadre d’une utilisation normale, les ingénieurs de la Monnaie ont perfectionné un mécanisme de verrouillage breveté.

La nouvelle pièce a été lancée le 19 février 1996. En anglais, elle a vite reçu le surnom Toonie. En 1996, 375 millions d’exemplaires en ont été frappés aux installations de Winnipeg. La demande était tellement forte qu’il n’y a pas eu besoin de mettre en circulation de nouvelles pièces de un dollar entre 1997 et 2002.

L’année même d’émission de la pièce, on a rapporté quelques cas où le disque central et l’anneau extérieur s’étaient séparés. Jusqu’à ce jour, nombre de visiteurs de la Monnaie nous demandent si c’est vrai.

Depuis sa toute première émission, la pièce de deux dollars ne cesse d’être testée rigoureusement. Le centre de la pièce peut supporter une pression de 181 kg, soit environ dix fois la pression que l’humain moyen peut exercer.

Après avoir circulé presque 30 ans, la pièce de deux dollars n’est clairement pas prête de perdre son anneau extérieur par une utilisation normale. Les quelques cas signalés en 1995 étaient isolés et ne relevaient pas d’une utilisation habituelle.

Une nouvelle génération de pièces de deux dollars

La pièce de deux dollars a toujours été bimétallique. De 1996 à 2012, l’anneau extérieur en nickel pur entourait un disque central fait de 92 % de cuivre, 6 % d’aluminium et 2 % de nickel. En mars 2010, dans le cadre d’effort visant à moderniser le système monétaire du pays, le gouvernement du Canada a annoncé que la pièce serait dorénavant composée d’acier plaqué multicouche. C’est le fruit d’un processus breveté de la Monnaie où l’âme en acier est recouverte de couches de métaux différents – comme le cuivre, le nickel et le laiton – disposées en alternance.

Ce changement de composition représentait aussi une importante baisse de dépenses annuelles, ce qui a permis à la Monnaie d’intégrer un grand nombre de caractéristiques de sécurité avancées dans les motifs. Depuis 2012, l’anneau extérieur de la pièce de deux dollars est en acier plaqué multicouche au fini nickel et le disque central est en bronze d’aluminium plaqué multicouche au fini laiton.

Bien que ces changements soient permanents, il y a eu quelques changements temporaires liés au motif de la pièce. En effet, à quelques reprises, le majestueux ours polaire de Brent Townsend a été remplacé par des motifs spéciaux ou commémoratifs.

La première édition spéciale de la pièce de deux dollars est apparue en 1999 et présentait un tambourineur inuit pour célébrer la fondation du Nunavut. La deuxième est arrivée un an plus tard, en 2000, pour la série de pièces du millénaire. Au fil des années, il y a eu plus de 20 motifs différents sur la pièce de deux dollars, y compris l’ours polaire emblématique de Brent Townsend. Nous vous invitons à les revoir.